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D@rk Sh@dows Projekt

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Djih-abîme

Nous voici enfin devant un effet miroir qui donne le vertige.

Le djihadisme à la française nous est donné à voir comme une menace venant de l’extérieur. Mais est-ce bien le cas ?

Cela fait des années que nous nageons en pleine islamophobie (croissant en parallèle avec l’antisémitisme et le racisme*).

Les exemples ne manquent pas, mariage pour tous, Rroms, mosquées et synagogues dégradées, agressions diverses :

*Rapport 2013 du CNCDH résumé : ici

*Rapport complet à télécharger : ici

Et de manière générale, la justice elle-même reste très condescendante face aux agressions venant de l’extrême droite, donnant un sentiment d’impunité aux racistes et libérant un peu plus la parole et les actes.

Indulgence légale pour les fascistes : ici

On trouve des cas similaires partout en Europe (NSU en Allemagne, Aube Dorée en Grèce, Breivik en Norvège etc) et aux Etats-Unis (Ferguson) très régulièrement.

Pour résumer, la plupart des traitements médiatiques passent sous silence l’aspect raciste de ces criminels et évacuent systématiquement toute responsabilité des Etats dans ces cas-là.

L’affaire de la circulaire de l’académie de Poitiers cherchant à stigmatiser les musulmans en est un cas frappant de tentative par l’Etat et les médias de minimiser leur responsabilité : ici

Voilà pour le décor.

Une France en crise, baignant dans une ambiance globalement et de plus en plus intolérante.

Intéressons-nous maintenant d’un peu plus près à ces « djihadistes » français, autrement dit ces terroristes musulmans, puisque présentés comme tels par les médias.

L’actualité récente nous a présenté plusieurs cas, tous symptomatiques.

Le premier, Flavien Moreau, vient d’être condamné à 7 ans fermes pour être allé en Syrie. Ça ne fait pas très « arabe » comme nom, et pourtant, il est djihadiste.

Quand on nous parle de lui, la presse le présente comme un enfant d’origine sud-coréenne, adopté par des français à l’âge de 15 mois. Ouf, la France respire, ce Flavien n’est qu’un « pas français ».

Ex : ici

A aucun moment l'hypothèse sociale, qui pourrait expliquer le comportement de ces jeunes djihadistes (tout en pointant du doigt l'incapacité de nos gouvernants à offrir des perspectives d'avenir à nos jeunes), n’est creusée sérieusement et les journalistes semblent céder à la tentation facile et crapuleuse de la stigmatisation de cet "autre" qui ne serait pas comme nous.

Le second, on le connait surtout par son prénom : Maxime. Maxime Hauchard. On viendrait de le repérer parmi les assassins de Daesh, lors d’une « décapitation massive » de présumés soldats syriens (ici ).

Lui, il est « catho », bien « blanc », né français de famille française, casier vierge, venant du fin fond de notre province, l’Eure, en Normandie. Il s’est radicalisé tout seul, comme un grand, sur internet. Pas comme l’autre, là, Flavien Moreau. Ah si en fait, même parcours, à divers degrés de violence : éducation « classique », intérêt et conversion à l’Islam à 17-18 ans, radicalisation seul (chez lui ou en prison à l’isolement).

C’est peut-être pour ça qu’on ne nous en parlait pas tant que ça, de Maxime « Abou Abdallah al Faransi ».

Parce que son parcours n’est pas celui qu’on nous présente habituellement, un jeune d’origine maghrébine, forcément délinquant, qui se radicalise via des réseaux islamistes.

Ça dérange un peu, du coup. Ça gène aux entournures… La société française « bien née » pourrait-elle engendrer des monstres comme David Drugeon, par exemple ?

Du coup, l’interview qu’il a donnée sur Skype à des journalistes est très importante pour comprendre le pourquoi de cette dérive monstrueuse.

L’interview de Maxime à BFMTV : ici

Parce que ce jeune homme était mortifère, il a été capté par les messages de ces terroristes. Ce n’est pas qu’il veut tuer à tout prix, il veut vivre et mourir vite. Il attend d’être un martyre. Et exister enfin : la mort? Maxime "l'attend avec joie". "Quand on me dit "untel est parti", ça fait plaisir, c'est l'objectif de chacun […] La plus grande récompense: c'est le martyr", confie-t-il aux journalistes.

C’est le même genre de discours que l’on retrouve chez pas mal de djihadistes, d’ailleurs, tel Farid (qui a pris 4 ans, proche de Kim le Coréen, Flavien Moreau, cité plus haut) : « "C'était ma conception erronée de l'islam, mélangée à mon rapport particulier à la mort ».

Et il n’est pas le seul. Quasiment tous les djihadistes français interrogés par le journaliste David Thomson.

Déclaration de jeunes djihadistes : analyse

Et c’est là que ça devient intéressant.

Car ces jeunes gens se sont tournés vers une organisation qui tue aveuglément et laisse mourir ses troupes en les sacrifiant. Des jeunes qui n’attendent rien de la vie, pour qui tuer ne signifie pas grand-chose, qui souhaitent mourir et par ce fait, gagner en notoriété.

Cela ne vous rappelle t’il rien ? Anders Breivik avait déclaré avoir envisagé le suicide avant son massacre. Alors qu’il voulait se rendre par téléphone, comme les policiers ne l’avaient pas rappelé, il était prêt à mourir (c’est d’ailleurs en pensant qu’il ne serait pas pris vivant qu’il a continué la tuerie). Il a ensuite nié être suicidaire, quand il a compris qu’il aurait plus de notoriété vivant que mort.

Les déclarations de Breivik (en anglais) : ici

Il y a certes des différences entre ces deux parcours, mais aussi des convergences qu’on ne peut ignorer.

La religion est un facteur qui parait secondaire dans les 2 histoires. Ce qui prime, c’est la volonté de tuer en cherchant plutôt la mort et si possible se faisant, en accédant à une certaine notoriété ou reconnaissance.

Il est aussi à noter que le djihadisme n’est pas ici une réponse à un système occidental opposé à un autre, islamiste. Le Japon, dont la société est très différente de la nôtre, est lui aussi touché par ce mouvement (ici ).

Quel est le point commun entre la société occidentale et japonaise pourtant très différentes ? Le capitalisme qui a entraîné crises et chômage, perte d’une vision d’avenir heureux. Peut-être une piste à suivre ? En tout cas, elle ne semble pas avoir été explorée.

Du coup, on peut s’interroger sur les raisons réelles à tous ces départs qui pourraient ne pas être religieuses, mais sociales. Et cette question, aucune société ne semble vouloir se la poser.

Alors restent les questions suivantes :

Maintenant que l’attention est focalisée sur les réseaux islamistes, que les lois liberticides sont en place, pourquoi ne parle-t-on (quasi) jamais des sites et réseaux d’extrême droite qui recrutent des gens qui potentiellement ont en eux les mêmes envies de violence ?

Puisqu’un jeune de province a pu se radicaliser tout seul, pourquoi n’envisage-t-on pas qu’il y en ait d’autres qui le fassent auprès de formateurs fascistes nationaux ?

Maxime Brunerie d’Unité Radicale avait, il y a 10 ans de cela, tiré sur le Président de la République. Unité Radicale avait été dissoute, mais aucune action de masse n’a jamais été entreprise depuis à l’encontre des sites et réseaux d’extrême-droite. Pourquoi ?

Les cas sont pourtant avérés, que ce soit sur certains forums, où circule le cours «Explosif 101», voire l’arrestation d’un membre FN (Cédric Bégin) au cours de laquelle du TNT et des cartouches de 9mm ont été saisies dans les années 2000 (lire ici) .

Du coup, pourquoi aucune action en justice n’a-t-elle été mise en branle pour brider, museler les nombreux sites internet, blogs et forums qui recrutent au-delà des seuls réseaux islamistes, et ce, malgré les déclarations fracassantes de notre dernier ministre de la Justice ?

Si on met en parallèle l’extrême indulgence dont les membres violents des groupuscules racistes bénéficient quand ils sont devant les tribunaux et tous ces silences et cet immobilisme, cela a de quoi inquiéter les forces progressistes !

Aussi, nous pensons qu’il est temps que ces forces s’organisent et se rassemblent, pour justement lutter contre toutes les formes d’oppression.

Qui pourrait prendre le leadership au-delà des clivages politiques ?

La rapidité à laquelle il sera répondu à cette question sera déterminante pour les antifascistes en général et toute personne progressiste pour les années à venir.

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